23 heures 24 sous le casque

Je termine un article sur la BD Quay d'Orsay à un autre endroit de ce blog. Il est tard et ce ne sera pas facile de se lever demain. Qu'importe, je veille encore un peu pour me livrer à ce rare plaisir d'écrire.

 

Qui serais-je sans avoir écrit toutes ses lignes depuis si longtemps, depuis les plages affolées de mon adolescence ? Certainement un autre. Des parties de moi seraient différentes. Je ne dirais, ne penserais, n'agirais pas tout à fait de la même manière qu'aujourd'hui. Je n'aurais pas trouvé autant de réponses mais n'aurais pas soulevé tant de questions. Ce serait peut-être plus simple et plus compliqué. Je ne le saurais jamais.

J'apprécie beaucoup ce lent dialogue avec moi-même, cette conversation qui dure, qui se reprend d'année en année. Ces traces que je laisse et sur lesquelles j'aime parfois revenir pour me comprendre, pour me rappeler le temps passé, les états d'âmes dans lesquels j'étais plongé alors.

Aujourd'hui je continue d'écrire dans mes carnets. J'utilise ce blog de la même façon avec juste un peu plus de retenue peut-être, sachant qu'ici tout le monde est le bienvenu et peut y lire ce qu'il veut. C'est un carnet un peu particulier, caché au milieu de millions d'autres conversations, comme une goutte d'eau dans la mer. Son caractère secret est renforcé par le fait même qu'il est là, à la portée de tous, pas du tout à l'abri des regards au contraire et finalement si peu lu.

Je sais que de rares lecteurs viennent ici quelquefois jeter un oeil. Voir s'il y a du nouveau sur le blog de Nico. Un peu comme quand on décide de prendre des nouvelles d'un ami qu'on n'a pas vu depuis longtemps. Je reçois ainsi au hasard un petit signe amical de l'un ou l'autre, avec la même parcimonie que celle avec laquelle je poste mes introspections plus ou moins cafardeuses. C'est toujours assez étrange comme expérience ces visites nocturnes et silencieuses. d'un coup je prends peur de m'être trop dévoilé, d'en avoir trop dit. Brusquement conscient que j'ai été lu, je cours me relire et le texte n'est déjà plus le même. Il a commencé à prendre une certaine patine, s'est un peu éloigné de moi, suivant sa propre dérive au fil du temps. Le lecteur l'a changé. Un lecteur s'en est emparé et les mots ne parlent plus seulement de moi, mais de lui aussi ou d'elle.

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